- ANNECY
- ANNECYANNECYEn Savoie, Annecy apparaît presque comme l’opposé de Chambéry. Pas de grand passage: la cluse, longue et malcommode, mène à la vallée de l’Arly, elle-même peu facile. Du côté de l’avant-pays, au-delà de collines, de chaînons ou de gorges, c’est très vite l’obstacle du Jura, qui rabat les communications vers Chambéry. Trop près de Genève, trop loin de Lyon, la position n’est pas avantageuse. Ce n’est pas un site exceptionnel, et pourtant, à l’usage, il a révélé des qualités solides, plus efficaces aujourd’hui que celles de Chambéry.D’abord, un vaste emplacement plat, grâce à un puissant torrent préalpin, le Fier, qui manque à Chambéry et dont les alluvions ont comblé la partie nord du lac, créant la plaine très commode où se fait la croissance moderne. Le site défensif existe, avec le château posé sur l’extrémité du Semnoz, dans une position marginale qui n’est pas gênante.Ensuite, une force motrice naturelle, responsable d’une précoce vocation industrielle. Situé à 445 mètres d’altitude, à 200 mètres au-dessus du Rhône, le lac représente un potentiel énergétique appréciable, que l’on peut capter sur son émissaire, le Thiou, affluent du Fier. À 231 mètres, à peu près au niveau du Rhône, le lac du Bourget ne possède pas les mêmes possibilités: son émissaire, le canal de Savière, a si peu de pente que les crues du Rhône s’y déversent. Si cette absence de dénivellation a favorisé la navigation ancienne, ce fut un avantage d’une moindre portée, tout compte fait, que l’industrialisation d’Annecy grâce au Thiou.Enfin, une excellente situation touristique au bord du lac (ce qui n’est le cas ni de Chambéry ni même d’Aix-les-Bains) et au pied de la montagne (Bornes surtout), situation doublement intéressante qui a beaucoup compté dans l’essor récent et rapide de la ville, aussi bien pour les résidents que pour les visiteurs.Ce bilan naturel fait qu’Annecy doit moins à l’histoire que Chambéry. Malgré le hasard heureux qui lui valut d’accueillir (1535) l’évêque de Genève chassé par la Réforme, malgré la fondation, en 1610, par François de Sales et Jeanne de Chantal de l’ordre de la Visitation, elle n’avait encore que 5 000 habitants à la fin du XVIIIe siècle, contre 12 000 à Chambéry. Les débuts de l’industrie, pendant la période française de la Révolution et de l’Empire, la portent à 11 000 en 1806. L’annexion, supprimant la protection douanière du régime sarde, ne sera pas favorable à cette première industrie (cotonnades surtout), mais elle en attire une seconde, plus variée, mieux adaptée, de plus d’avenir, et elle donne le départ au grand tourisme.Annecy possède en effet deux vocations, industrielle et touristique, qui ne sont pas sans lien puisque le lac et la montagne ont attiré des industries nouvelles. Mais les eaux du Thiou, régularisées par des vannes en 1874 à l’aide de capitaux suisses ont aussi joué un rôle efficace, au moins à la fin du XIXe siècle. Il s’agit surtout de la transformation des métaux et de la construction mécanique. 34,1 p. 100 des actifs sont ainsi employés dans le secteur secondaire. Pourtant, le secteur tertiaire progresse maintenant plus vite (65,4 p. 100 de la population active), donnant à la ville un équilibre de l’emploi qui témoigne de sa maturité. Le progrès de la population a suivi un rythme rapide, comparable à celui de Grenoble, si bien que l’agglomération d’Annecy a dépassé Chambéry depuis 1962, comptant, en 1990, 126 703 habitants, la ville proprement dite en ayant 49 650. La vieille ville n’a pas été touchée par la marée urbaine, qui a conquis les vastes espaces libres de la plaine en direction du nord.Par opposition au tracé linéaire de Chambéry, Annecy est une ville presque carrée, enserrant le bout du lac. Des travaux ont amélioré la circulation, qui reste cependant difficile, même après l’ouverture de l’autoroute Lyon-Chambéry.Annecyv. de France, ch.-l. du dép. de la Hte-Savoie, sur le lac d'Annecy; 51 143 hab.— Palais de l'Isle (XVe s.); château de Menthon (XVIe s.).
Encyclopédie Universelle. 2012.